Chiens qui sautent sur les humains : pourquoi les ignorer ne fonctionne pas !
Lorsqu’un chien a la fâcheuse habitude de sauter sur les humains (avec des bonnes intentions, pas sur un mode agressif), l’un des conseils fréquemment donnés pour faire cesser ce comportement est de l’ignorer : de ne pas le regarder, de ne pas lui parler…)
C’est une stratégie aussi commune qu’elle est (en général) inefficace. Voici pourquoi :
Revenons aux bases : les grandes lois du comportement.
Tout comportement dont les conséquences sont jugées positives / agréables / utiles par un individu sera reproduit et intensifié.
Tout comportement dont les conséquences sont jugées négatives / déplaisantes / néfastes par un individu sera évité.
Tout comportement qui n’a aucune conséquence pour un individu sera abandonné.
Concrêtement, ça peut donner par exemple:
Je saute sur mon humain, il me caresse => je trouve ça agréable => je recommencerai à sauter, de plus en plus fréquemment, avec de plus en plus d’entrain.
Je saute sur mon humain, je me prends un coup de genou dans le torse => je trouve ça douloureux => j’éviterai de sauter sur mon humain à l’avenir.
Je saute sur mon humain, il ne se passe rien du tout => ça n’a aucun intérêt de sauter sur lui => je ne lui saute plus dessus.
La tactique d’ignorer son chien correspond à la dernière loi : si j’ignore mon chien quand il me saute dessus, alors il arrêtera de lui-même de le faire. Logique.
Et pourtant, très souvent, ça ne marche pas ! Pour diverses raisons.
1 . Vous n’ignorez pas vraiment votre chien.
Pour que cette stratégie fonctionne, il faudrait que le fait de vous sauter dessus n’ait AUCUNE conséquence. Or souvent, lorsque vous croyez ignorer votre chien, en fait, vous le regardez du coin de l’oeil, vous vous détournez pour qu’il ne vous fasse pas trop mal, vous rangez vos mains dans vos poches, votre ton de voix change car il vous agace… Tout ceci, ce sont des conséquences => donc il ne se passe pas rien.
Et même si vous êtes particulièrement bon.ne pour imiter un bout de bois mort, il y a fort à parier pour que ce ne soit pas le cas de toute votre famille ou de tous vos amis. Il y a sans doute quelqu’un dans votre entourage (petit enfant un peu impressionné par le chien, ado rebelle ou ami qui s’en fiche que le chien lui saute dessus) qui ne joue pas parfaitement le jeu, qui va parler au chien, le regarder, le caresser, voire l’encourager à sauter, et par là-même renforcer chez lui l’idée que parfois, sauter a des chouettes conséquences. Et donc l’inciter à continuer ce comportement.
2 . Les conséquences ne dépendent pas uniquement de vous.
On ne le répétera jamais assez : ce n’est pas nous qui décidons de ce qui est renforçateur (ou aversif chez le chien).
Et les conséquences d’un comportement ne sont pas toujours visibles.
Le chien peut ne rien obtenir de vous lorsqu’il vous saute dessus, et pourtant trouver que les conséquences sont valables car :
cela lui permet d’évacuer un trop plein d’énergie
cela lui permet d’apaiser son stress
il aime sauter
etc.
3 . Ignorer le chien ne répond pas au besoin qui motive ce comportement.
Tout comportement est issu d’un besoin ou d’une envie. On ne peut pas juste supprimer le comportement sans s’intéresser au besoin ou à l’envie qui le sous-tend.
Que cherche ce chien qui nous saute dessus ? A nous faire la fête ? A obtenir des caresses ? Une simple proximité physique ? Du jeu ? A prendre des informations olfactives ? A se défouler après une journée d’inactivité ?
On ne peut pas non plus demander la même chose à un chien qui a eu de la présence et des activités physiques qu’à un chien qui a été seul et enfermé pendant une journée entière.
4 . Ignorer n’apprend pas au chien ce qu’on aimerait qu’il fasse à la place.
OK, on ne veut pas qu’il nous saute dessus. Mais avons-nous pris la peine de lui expliquer ce qu’on préférerait qu’il fasse à la place ? Avons-nous réfléchi à un moyen de combler son besoin ou son envie qui nous satisfasse tous les deux ?
On a trop souvent tendance à dire à nos chiens “NON, je ne veux pas que tu fasses ça !” (sauter, tirer en laisse, aboyer…) mais sans leur faire savoir ce qu’on aimerait qu’ils fassent à la place ! Vous aimeriez, vous, jouer à un jeu dont on ne vous expliquerait pas les règles et où on se contenterait de dire “Non, ça c’est interdit !”)
Alors on fait quoi ???
Une bonne stratégie pourrait consister à :
identifier le besoin exact du chien (câlins ? jeu ?)
lui permettre de l’assouvir immédiatement (il veut des câlins ? On le caresse avant même qu’il ait eu le temps de sauter). Cela évite de renforcer encore plus le comportement indésirable.
puis de lui apprendre un comportement alternatif : passer de “quand je saute, j’ai des câlins” à “quand je m’assois, j’ai des câlins”.